Laaga Chunari Mein Daag

[Didi]

Moi aussi ma copie était incomplète, il manquait au moins 20 mn de film et en particulier la scène clé de l'affrontement entre les deux sœurs, mais ce que j'ai vu ne m'a pas déplu. C'est vrai que le film prend le parti pris de traiter de la prostitution de façon esthétisante et peu réaliste (elle est « escort girl » et pas prostituée des rues, le statut n'a peut-être pas le même prestige, mais quoi qu'il en soit le résultat est le même, elles font commerce de leur corps), mais on est pas dans le cinéma tamoul, cela correspond aux codes du cinéma hindi dont le happy end fait partie. En tout cas cela ne m'a pas gêné car ce qui m'a intéressé c'est la réflexion autour de ces deux destins de femmes, même si l'accent est d'avantage mis sur le personnage interprété par Rani, et sur la question du choix, que l'on a peut-être pas voulu au départ, mais que l'on doit assumer. En effet, Babki, auquelle Rani apporte sa beauté et son talent, est une jeune femme naïve au départ ayant reçu l'éducation que l'on donne traditionnellement aux femmes en tout cas dans les villes de province et ne parlons pas des campagnes : une scolarité arrêtée assez tôt (je ne sais pas à quoi correspond le 12e degré, mais je suppose que c'est un peu plus que l'enseignement primaire, en tout cas, elle n'a pas fini ses études secondaires vu son niveau d'anglais assez faible), elle sait coudre et broder, en fait tout ce qu'il faut pour être une femme au foyer, mais pas pour survivre dans la modernité d'une mégapole comme Bombay. Quand son père lui demande d'assumer le rôle d'un homme, elle essaie de relever le défi, mais elle n'est pas armée pour cela et dans une société où les hommes ont le pouvoir de décision et où la seule voie d'émancipation des femmes est l'éducation, elle se fait avoir par le premier salaud qui passe. Finalement dans son malheur et sa descendente aux enfers, elle trouvera malgré tout des gens solidaires qui vont l'aider. Pour sa sœur, qui a reçu une éducation plus moderne en tout cas plus utile dans une société moderne, on voit que le parcours n'est pas du tout le même. J'ai appris que le titre voulait dire « mon voile est souillé » et je trouve ce titre très beau car c'est tout l'objet du film : comment va-t-elle pouvoir se laver d'une souillure sociale à laquelle l'avait contrainte le rôle d'assumer financièrement la charge de sa famille et pour lequel elle n'était pas préparée.
Outre l'histoire, j'ai beaucoup aimé l'interprétation des actrices, Rani et Jaya en tête, les séquences chantées : la complicité des deux sœurs, la transformation physique de Babki et son initiation et le final.

[Amanpreet, fan de bolly]

je ne sais pas à quoi correspond le 12e degré, mais je suppose que c'est un peu plus que l'enseignement primaire, en tout cas, elle n'a pas fini ses études secondaires vu son niveau d'anglais assez faible

le 12e degré correspond au bac.

1ere -> CP
2eme -> CE1
etc ...
6eme -> 6eme
etc ...
12eme -> Terminale

[Didi]

Alors il y a un petit manque de cohérence sur ce point ou j'ai mal compris ou mal lu les sous-titres, enfin il y a quelque chose, car quand elle est à la recherche d'un emploi, j'ai l'impression on lui reproche vraiment de ne pas avoir un cursus secondaire complet et sa mauvaise maîtrise de l'anglais d'où ma remarque (elle n'a pas dû finir ses études secondaires) car quand même avec des études secondaires complètes (qui sont censées sanctionner un certaine niveau d'études et de sens critique) elle me semble bien bien naïve. Mais je cherche peut-être le mouton à cinq pattes. En tout cas merci de ta réponse Amanpreet.

[Lili]

Je n'ai pas vu le film mais pour avoir vécu à Mumbai quelques mois, je peux te dire que pas mal de personnes n'ont pas un bon niveau en anglais (en tout cas pas en expression écrite et encore moins orale), et pourtant ces personnes là ont pour beaucoup l'équivalent d'un bac + 3 minimum en France.
L'anglais n'est pas la seule matière qui compte, et on peut donc avoir l'équivalent du bac sans être très doué.

Les gens bons en anglais sont souvent ceux qui ont pu aller dans des écoles privés dès le primaire où l'anglais était plus enseigné qu'ailleurs.

[Didi]

Merci de ta réponse Lili, mais je crois comme je l'ai dit plus haut que j'ai cherché le mouton à cinq pattes ou plutôt une sorte de cohérence réaliste là où il y en avait pas.

Enfin, ce qu'il faut retenir surtout de ce personnage, c'est qu'elle ne peut obtenir de travail car, quand bien même elle aurait fini ses études secondaires, elle n'a aucune qualification et  maîtrise de l'anglais. Mais surtout, c'est une fille très très naïve pour faire confiance au premier salaud (désolée mais il n'y a pas d'autres mots et ce genre d'individu me donne des envies castratrices  )

[lafrarie]

avis très mitigé sur ce film
je m'attendais pas à un film du genre Chaos, mais tout de même...autant ne pas aborder de sujets épineux, quand on ne peut pas les assumer...Sans évoquer les incohérences (c'est pas ce qui m'a le plus choquée) le sujet principal: la prostitution est (sciamment ) survolé, on doit se contenter du vernis (palaces, berlines, tenues glamours de rani) et des remords de chacun (rani pleure, jaya pleure, konkona et papa anupam pleurent quand ils sont au courant), on dirait dit que le message sous-jacent de la prod est le suivant: "oui on a eu le cran de le faire mais on vous en dira pas plus".
La romance entre kunal et konkona (joli couple comme dans Aaja nachle) est sympathique bien qu'elle aurait pu être mieux intégrée au récit, après on peut comprendre le soucis de mettre en parallèle l'évolution des 2 soeurs, mais bon tout ça n'est pas assez bien embriqué.
Quant à Abhishek, il est pas très utile si ce n'est pour jouer le rédempteur et justifier un happy end...c'est à la fin que j'ai compris l'inutile escapade en Suisse (tiens ça faisait longtemps )
ceci dit comme il a déjà été évoqué, la photo est super belle, décidément on donne souvent à Bénarès un cachet esthéthique quasi irréel (le côté ville sainte peut être), malgré les grosses faiblesses du film rani et konkona s'en sortent bien, la chanson d'ouverture est entraînante et le cameo d'Hema Malini fait plaisir
mais sinon...déçue

[Maya]

Je crois que l'effet émotion recherché est un peu raté. Même avec ma grippe carabinée, je n'ai pas versé une seule larme, et pourtant, dans cette état il m'est déjà arrivé de pleurer devant une pub pour kinder c'est dire. Peut-être que les scènes qui font pleurer étaient sur la partie manquante de mon DVD.

J'ai eu de la chance mon DVD était entier, et de super qualité même (faut dire que je sors d'une cure de vieux films).

J'ai beaucoup aimé ce film. Je ne suis pas certaine que l'effet émotion recherché soit un peu raté, j'ai au contaire l'impression que ce film ne cherche pas l'émotion, au contraire, même si chacun des personnages y va de sa larme, mais c'est 5' chrono chacun et l'esprit du film est plutôt battant que larmoyant.
les personnages de femmes sont très forts, aussi bien Jaya que Rani et Konkona. Jaya est magistrale, la scène au téléphone où elle cherche sa chaîne en or pour payer les médicaments de son mari tout en parlant à sa fille au téléphone, est un moment extraordinaire, aussi bien au niveau de la mise en scène que du jeu. c'est d'ailleurs la scène clé du film, celle où tout bascule.
Rani est tout aussi exceptionnelle, je trouve qu'elle joue extrêmement bien, tout en finesse (ça fait du bien après l'avoir vue dans KANK). Qu'est ce qu'elle est belle ! Le clip où on la voit apprendre à être sophistiquée nous montre des expressions, un visage que je ne lui connaissais pas encore. Et Konkona rayonne.

J'aime bien aussi l'esprit du film qui culpabilise plus la famille que la prostituée, qui n'en rajoute pas sur la honte sociale. Le message derrière tout ça est sain : éduquez vos filles, les filles méfiez-vous des salauds surtout quand ils ont une bonne tête...
Je trouve que le scénario et le montage servent bien l'histoire, on ressent presque physiquement l'espèce d'engrenage qui mène Rani à la prostitution, qui la précipitent dans le piège, à coups de micro évenements qui se succèdent trop vite pour qu'elle ait le temps de reprendre ses esprits, de réagir, de refuser.
Et en même temps ce n'est pas trop manichéen, dans la grande ville il y a aussi des gens sympas, le personnage du copain (Karan  je crois ?) qui ne veut pas la présenter à son boss qu'il connaît trop bien, est bien senti.
Quant au personnage d'Abhishek, certes on ne le voit pas beaucoup (pas assez) mais il est l'ange rédempteur, on ne peut pas dire qu'il serve à rien 
J'ai trouvé aussi la photo très belle. Un vrai plaisir...

[Deolia]

Laaga chunari mein daag est un film que j'aime beaucoup et je n'ai jamais compris pourquoi il avait été un tel flop !!
Je trouve l'histoire très belle, très poignante. Maintenant, c'est vrai que la fin n'est pas très réaliste pour une histoire comme ça. C'est vraiment à l'eau de rose comme tous les films de Yash Raj.
Rani est magnifique dans ce film. Plus je la vois et plus je suis impressionnée par son jeu d'actrice. Elle dégage une telle intensité ! Je ne vois d'ailleurs pas qui aurait pu interpréter ce rôle mieux qu'elle.
Kunal Kapoor et Konkona Sen Sharma sont également excellents dans leur rôle.
Konkona est une actrice vraiment très prometteuse. Je la trouve très naturelle et fraîche.
J'ai acheté l'édition Bollywood Times, ce qui me permet d'encore mieux l'apprécier par rapport à la copie vraiment pourrie que j'avais au départ.