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l'Inde dans la presse française

Démarré par Artichoke, 15 Mai 2009 à 19:27:39

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Candice

Citation"Big B", divinité bollywoodienne


La maison d'Amitabh Bachchan ?" Le chauffeur de taxi fronce les sourcils, reprend ses esprits, peigne sa moustache devant le rétroviseur et démarre en trombe. En cette fin d'après-midi chaude et humide, le trafic automobile de Bombay est à son comble. Mais qu'importe. "Mon passager est attendu chez Big B", crie le chauffeur en klaxonnant pour se frayer un chemin dans les embouteillages. Bombay porte Amitabh Bachchan à la place du coeur. Comme Paris le fera peut-être, après son passage, dimanche 13 juin, sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, où il lira des poèmes de son père, accompagné de quelques musiciens.

"Tout le monde ici ferait tout pour lui", assure le chauffeur. L'hospitalisation de l'acteur en 1982, à la suite d'un accident pendant le tournage de Coolie, compte parmi les tragédies indiennes. Des milliers d'habitants étaient allés dormir, et prier, sur le trottoir en face de l'hôpital. Amitabh Bachchan était alors le "jeune homme en colère". Celui qui jouait des rôles de rebelle et n'hésitait pas à réaliser lui-même les cascades.

Vingt-huit ans plus tard, c'est un homme affable, habillé d'un survêtement en velours marron et de simples baskets blanches, qui reçoit dans un salon cossu. Un piano mécanique posé sur une moquette beige joue du Chopin à la demande, au milieu de peintures abstraites, de la taille des murs. Avec plus de 150 films à son actif, l'acteur de 68 ans, né quelques années avant l'indépendance de l'Inde, est, au panthéon des divinités de Bollywood, le plus respecté.

"Je ne suis qu'un être humain", rassure toutefois l'acteur, dont la popularité dépasse les frontières de l'Inde. Les temples érigés en son honneur passent encore. Mais il supporte moins les martyrs en son nom : "Certains peignaient mon portrait avec leur sang. Je leur ai demandé de ne pas aller au-delà du portrait. Ça devenait trop dangereux." Il a même inspiré des personnages de roman, comme celui de Gibreel dans Les Versets sataniques, de Salman Rushdie.

Amitabh Bachchan fait ses débuts au cinéma grâce à sa voix. Une voix de baryton que le réalisateur de Calcutta Satyajit Ray utilise pour son film Les Joueurs d'échecs, sans lui offrir de rôle. Le jeune acteur avait alors bien du mal à passer à l'écran en raison de son gabarit - 1,88 m - et de son teint, pas suffisamment clair au goût des producteurs de l'époque.

Puis vient le succès de Zanjeer, sorti en 1973. Le personnage de Vijay, joué par Amitabh Bachchan, n'hésite pas à laisser son costume d'inspecteur de police au vestiaire, pour aller combattre à mains nues, et en chemise blanche impeccable, le bandit de la ville. La réplique de Vijay, alors enfant des rues, à deux gangsters habillés de costumes blancs, fait le tour du pays : "Je suis un cireur de chaussures, pas un mendiant. Ramasse ta pièce et donne-la moi."

Amitabh Bachchan incarne la colère et la frustration de l'Inde. Il est le nouveau héros d'action du cinéma hindi. Mais "le jeune homme en colère" prend des rides. L'homme doit s'incliner devant sa légende et emprunter d'autres chemins. Aujourd'hui, Amitabh Bachchan n'est plus le justicier des opprimés, mais "l'homme qui vaut des millions de dollars". Changement d'époque. L'Inde s'est enrichie, et la réussite financière suscite autant l'admiration, sinon plus, que la défense des opprimés.

Amitabh Bachchan a d'abord créé sa propre entreprise pour, dit-il, "professionnaliser le monde de la production". Mais, au bout d'un an, Amitabh Bachchan Corporation Limited est criblée de dettes, et l'acteur s'en sort de justesse. On le voit faire un retour dans des films à succès comme Black, en 2005, présenter le jeu "Qui veut gagner des millions ?" ou jouer dans des spots publicitaires. Des rôles rémunérateurs.

Assagi, Amitabh Bachchan a endossé la figure du père bienveillant et éclairé de la nation en ces temps troublés de la mondialisation. Il prône les valeurs de la famille unie, comme socle de la culture indienne, et n'utilise jamais l'expression "Bollywood". "Les thèmes du cinéma commercial hindi n'ont rien à voir avec ceux d'Hollywood. Et, à ce que je sache, nous n'avons pas encore été colonisés par eux", s'emporte-t-il. Sur son blog, il n'hésite pas à écrire que l'Inde est sa seule caste, en pleine polémique sur le recensement des castes. Ses opposants lui rétorquent que, venant de la part de quelqu'un qui est loin d'être un intouchable, la remarque est facile. L'acteur ne pousse jamais trop loin la polémique, lui qui a déjà failli sacrifier son aura sur l'autel de la politique indienne.

C'était en 1984. Ami de Rajiv Gandhi, l'ancien premier ministre indien, Amitabh Bachchan est élu au Parlement avec un score de 68,2 %, rarement égalé dans l'histoire de l'Inde. Mais il démissionne trois ans plus tard à la suite de soupçons de corruption, dont il sort finalement blanchi. "Je n'étais pas fait pour la politique, c'est un métier qui ne s'improvise pas", admet-il avec le recul. Sa femme, l'ancienne actrice Jaya Bachchan, est la seule à avoir poursuivi l'aventure en politique.

Au bout d'une heure d'entretien, le regard d'Amitabh Bachchan s'illumine à la seule évocation de son père, Harivansh Rai Bachchan, un poète mort en 2003, à l'âge de 96 ans. L'acteur a commencé à réciter ses poèmes il y a deux ans, à Bombay, puis aux Etats-Unis. Il a fallu la persévérance d'une productrice française, Jeanine Roze, pour convaincre la légende de Bollywood de venir donner une représentation à Paris. Il en a déjà la "peur au ventre".

La poésie est pour Amitabh Bachchan comme un prétexte. Celui du retour vers le temps perdu de son enfance : "Les amis de la famille étaient réunis chez nous. Les poèmes et les chansons duraient jusqu'au bout de la nuit. J'avais l'impression de m'oublier. Aujourd'hui, ce sentiment me manque."

Julien Bouissou
Article paru dans l'édition du 12.06.10.



Citation

En hommage à un grand poète de la langue hindi

New Delhi Correspondance

Célébré en Inde, où ses oeuvres sont enseignées dès l'école primaire, Harivansh Rai Bachchan est encore largement inconnu du public occidental. Ses poèmes seront lus pour la première fois au Théâtre des Champs-Elysées dans une mise en scène sobre, respectant la tradition populaire indienne du kavi sammelan, une assemblée de poètes.


Devant le portrait de son père, l'acteur Amitabh Bachchan alternera lectures et chants, accompagné de sept musiciens. Car Harivansh Bachchan avait composé des morceaux de musique pour certains de ses poèmes. Les plus connus font partie du recueil intitulé Madhushala ("Au cabaret"), publié en 1935. Influencé par le poète persan Omar Khayyam (1048-1131), dont il traduisit Rubaiyat, Harivansh Bachchan utilise l'alcool, l'ivresse, comme métaphores de la liberté. Celle qui délivre l'homme de la servitude vis-à-vis de la religion, des traditions, des rigidités sociales : "Qui a brûlé dans le feu de son âme les livres de piété/ Temple, mosquée ou église - ivre de vérité qui a tout fracassé/ Qui du pandit a rabattu l'orgueil, et du mollah, du prêtre/ Il peut lui faire aujourd'hui bon accueil mon cabaret".

Grâce à un langage plus accessible, la poésie hindi, alors surtout récitée dans les cours princières, devint populaire. Lors des kavi sammelan, Harivansh Bachchan attirait les foules. Les thèmes de ses poésies à la forme renouvelée sont ceux de l'homme ordinaire. Le désespoir, la solitude, la disparition de l'être aimé nourrissent le recueil L'Appel de la nuit, rédigé après la mort de sa femme, emportée par la tuberculose à 24 ans.

Diplômé de Cambridge

Puis, après son second mariage, cinq ans plus tard, une période moins tourmentée de sa vie commence. Il se met à écrire des satires politiques, comme dans Bouddha et la salle de danse, publié en 1958, où il dénonce les conditions de vie du peuple indien et l'apathie de la classe politique.

Son dernier poème est consacré à l'assassinat d'Indira Gandhi, en 1984. Premier Indien diplômé de l'université de Cambridge, en Grande-Bretagne, Harivansh Bachchan a enrichi son écriture de thèmes puisés au gré de ses nombreuses traductions, d'Othello à Macbeth en passant par des poèmes russes. Le grand poète a terminé sa vie comme le père d'un grand acteur. C'est au tour d'Amitabh Bachchan de lui rendre sa part de lumière.

Julien Bouissou

Article paru dans l'édition du 12.06.10.

Didi

Deux articles intéressants.
Le premier sur la nouvelle pub de sensibilisation "Incredible India" par Aamir Khan
http://www.aujourdhuilinde.com/actualites-inde-a-new-delhi-tu-ne-cracheras-pas-devant-les-touristes-6005.asp?1=1

et le deuxième sur la méconnaissance du Kama sutra par les Indiens
http://www.rue89.com/2010/09/06/que-reste-t-il-du-kama-sutra-en-inde-165475


Claire

Ah ben là, Bollywood est dans Paris-Match....

Sauf que en fait, euh.... où y at-il la moindre allusion au cinéma indien dans la suite des photos? Paris Match amalgame sans honte Inde et Bollywood faut croire.
Bref, l'Inde est dans la presse francaise mais malheureusement à coup de clichés sans intelligence

http://www.parismatch.com/People-Match/Politique/Photos/Carla-Bruni-Sarkozy-enchante-Bollywood/Glamour-229029/

Madhurifan

Du pur Paris-match. Juste là pour servir la soupe...
En plus ils sont mignons avec leurs chaussons. C'est sans doute trop vulgaire de virer ses pompes et de marcher pieds nus pour visiter des monuments.
http://www.bollybase.fr - la base de données Bollywood
http://www.chronobio.com - des milliers de dates de naissance

Madhurifan

http://www.bollybase.fr - la base de données Bollywood
http://www.chronobio.com - des milliers de dates de naissance


Didi



Harun

#54
zut l'article sur Kalki ne marche pas.    :(  Ca doit être marrant de l'entendre parler français. je pense qu'elle doit être plus à l'aise avec la langue indienne comme elle a grandit en Inde et est allé à l'école là-bas. Il existe une vidéo d'une interview ou elle parle en français?

Une première East Asia se met au ciné indien    8)
http://eastasia.fr/dossiers/lete-indien-les-cinemas-indiens-en-2011-retour-sur-la-production/

Harun

La revue de l'inde va sortir un numéro sur 100 ans de cinéma. Sur la couverture c'est écrit: Sri Aurobindo, Christine Jodis, Ophélie Wiel (Kalki Koechlin...). Va y avoir beaucoup de promos de livres et je suis pas du tout fan des écrits d'Ophélie Wiel. Mais c'est pas trop grave. Ce qui me fait peur c'est Sri Aurobindo. Je ne sais pas ce que ça vient faire là.  8| La bonne nouvelle c'est que c'est censé être sur Bollywood.

mel

Citation de: Harun le 15 Août 2012 à 16:54:43
zut l'article sur Kalki ne marche pas.    :(  Ca doit être marrant de l'entendre parler français. je pense qu'elle doit être plus à l'aise avec la langue indienne comme elle a grandit en Inde et est allé à l'école là-bas. Il existe une vidéo d'une interview ou elle parle en français?

Désolé de réagir si tard. Oui il existe une vidéo où elle parle très bien français avec un léger accent tout mignon: c'est ici.

Elle a aussi été interviewée sur France2 mais je n'ai jamais vu les images  :whine:


mel

Citation de: Harun le 05 Septembre 2012 à 18:04:13
Ce qui me fait peur c'est Sri Aurobindo. Je ne sais pas ce que ça vient faire là.  8| La bonne nouvelle c'est que c'est censé être sur Bollywood.

Je ne te le fais pas dire  :whistle:

Harun

Citation de: mel le 05 Septembre 2012 à 22:48:40
Citation de: Harun le 05 Septembre 2012 à 18:04:13
Ce qui me fait peur c'est Sri Aurobindo. Je ne sais pas ce que ça vient faire là.  8| La bonne nouvelle c'est que c'est censé être sur Bollywood.

Je ne te le fais pas dire  :whistle:

Ca m'a refroidit ! Je vais le feuilleter avant de l'acheter.

Harun

East Asia continue sur sa lancé avec une critique sur EEGA : http://eastasia.fr/critiques/eega-de-s-s-rajamouli-letrange-festival/  :sikh:  :D

Je trouve que ce serait géniale que cette chroniqueuse rejoigne Fanta. Je suis sur que l'asso pourrait passer au statut professionnel.