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Emissions sur l'Inde

Démarré par Dravinou77, 02 Janvier 2008 à 21:01:35

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Samarkand

Citation de: mel le 15 Mars 2012 à 00:44:41
Citation de: Didi le 14 Mars 2012 à 23:41:23
Citation de: Flo1986 le 14 Mars 2012 à 21:36:41

Quant aux femmes assassinées lâchement dans des "feux de cuisine", je trouve cela criminel de la part de l'état indien de ne pas prendre plus de mesures pour poursuivre les coupables.
C'est justement pour ça que certaines femmes s'organisent et prennent en mains leur destin
http://gulabi.hautetfort.com/
http://www.gulabigang.org/

Si je peux me permettre une question innocente (vraiment) : pourquoi le cinéma montre-t-il alors quasi-exclusivement des femmes fortes, libres et indépendantes et des hommes qui rampent très humblement pour les séduire ?? C'est encore plus vrai dans les très grands succès des 2 ou 3 dernières années. Par exemple, dans les films d'actions destinés aux ados mâles, on assiste immanquablement à la correction de ceux qui ont manqué de respect à une femme (c'est quelque chose qui m'avait d'ailleurs beaucoup étonné: qu'on montre le manque de respect comme la punition qui va avec).

Mais c'est vrai aussi dans les vieux films visiblement. Comment autant de gens, et d'hommes si j'en crois le documentaire de Canal+ cité par Didi dans un post précédent, ont-ils pu aller voir Mother India (non je ne dévoilerais pas la fin pour Sam qui ne l'a pas vu) ?

Le spectateur masculin se dédouble-t-il quand il paye sa place de cinéma ? brute à l'extérieur, petit garçon qui rêve à la princesse charmante en pensant à sa maman à l'intérieur ?

Même plus simple, comment se fait il que No One Killed Jessica ait fait un score très honorable au box-office (et que d'ailleurs l'histoire de Jessica Lall ait ému la population) ??

Qu'il y ait des films qui ne dénoncent pas des comportements lamentables, ça doit bien exister. Mais tous les grands succès sont politiquement ultra-corrects du point de vue de la condition féminine.

La gestion du risque commercial par les producteurs de cinéma ne peut pas être une réponse lorsque les comportements misérables (assassinat de 1% des filles qui naissent, 47% de mariages des filles avant la majorité, avortement généralisé lorsque l'enfant à naître est une fille, viols en réunion acide et autre crémation très fréquents et peu sanctionnés etc. etc.), sont généralisés donc connus de tous les spectateurs qui au mieux ferment les yeux.

Je comprendrais si le cinéma était réservé à une petite élite éduquée, et donc plus "normale", mais ça n'est pas le cas du tout. Et puis quant-bien même. J'ai été très choqué de voir que le déficit de filles avait beaucoup augmenté depuis 2001 alors qu'il n'y a pas de lois coercitives comme en Chine. J'imagine que c'est lié au développement de l'échographie. Et ceux qui peuvent y avoir accès ne sont pas des bouseux au fond de la jungle donc, même ceux qui ont un peu de moyens et qui vivent en ville, la cible du cinéma, ont des comportements totalement aberrants.

Voilà, c'était juste une question.

Tu connais la particuliarité du cine indien et l'une des recettes de son succés :  Film familial ponctué de "longs clips bourrés de bons sentiments, des filles heureuses, pimpantes et  avec une happy end" bon, je carricature à l'extrême!
Comment veux-tu conjuguer ça avec la réalité misérable, cruelle que connaissent les femmes de ce pays?
Flop assuré!
Yé ?

mel

#166
Citation de: Samarkand le 15 Mars 2012 à 12:59:38
Tu connais la particuliarité du cine indien et l'une des recettes de son succés :  Film familial ponctué de "longs clips bourrés de bons sentiments, des filles heureuses, pimpantes et  avec une happy end" bon, je carricature à l'extrême!
Comment veux-tu conjuguer ça avec la réalité misérable, cruelle que connaissent les femmes de ce pays?
Flop assuré!

Mouais... Je crois que normalement, le cinéma reflète la mentalité des spectateurs avant tout. Il ne s'agit pas de montrer les horreurs, mais elles pourraientt faire partie du contexte. Mais c'est extrêmement rare. le seul film à succès (et encore il n'est que 10ème au box-office 2007) pour lequel une mentalité très archaïque soit en filigrane, est Namaste-London, qui légitime clairement le mariage forcé.

Les autres cinéma n'ont pas tant de prévention. Par exemple dans le cinéma américain des années 30 les noirs n'étaient pas montrés autrement que comme ils étaient vus à ce moment là. Dans Autant en Emporte le Vent, le stéréotype est clairement celui du Sud dans les années 30. Cette vision dégradante tout comme l'évocation des "opérations" du KKK n'ont pas choqué ni nuit au succès formidable du film.

Je ne te parles même pas de Tarzan avec Johnny Weissmuller, où la façon de montrer les africains est tellement choquante que ça devient difficile à regarder aujourd'hui.

C'est un peu pareil avec les femmes: la femme américaine des années 50 est vue comme une mère, dévouée à son mari et à son foyer, et c'est exactement ce qu'on montre dans les films. La femme des années 20/30 dans les films est bien plus libre, mais finit le plus souvent par se ranger; c'est à dire "revenir dans le droit chemin", ou alors mourir.


Didi

#167
CitationMouais... Je crois que le cinéma reflète la mentalité des spectateurs avant tout. Il ne s'agit pas de montrer les horreurs, mais ça pourrait faire partie du contexte. Mais c'est extrêmement rare. le seul film à succès (et encore il n'est que 10ème au box-office 2007) pour lequel ça me vienne à l'esprit est Namaste-London qui légitime clairement le mariage forcé.
Le mariage arrangé est la norme, donc nombreux sont les films qui le légitiment, pas seulement celui que tu cites, mais aussi Vivah, et plein d'autres. En revanche, c'est le mariage "d'amour" on va dire qui est le plus exploitable du point de vue dramatique parce qu'on va mettre en scène les oppositions, le combat des amoureux, etc.
Tu as la même chose dans le théâtre depuis la fin du XVe jusqu'à l'apparition du cinéma. Ensuite, le cinéma, effectivement, va refléter certaines tendances sociétales.
Par ailleurs, certains films évoquent le problème de la violence faite aux femmes, c'est principalement le viol qui est évoqué. Par exemple, Vanaja évoque viol et pouvoir social : http://www.fantastikindia.fr/site/Vanaja
Tu as Paruthi Veeran, qui évoque le viol collectif http://www.fantastikindia.fr/site/Paruthi-Veeran
Tu as Pinjar aussi qui évoque le problème du rapt : http://www.fantastikindia.fr/site/Pinjar
Certes, ce ne sont pas les grandes productions hindies, mais Paruthi Veeran a eu beaucoup de succès au Tamil Nadu, en particulier en zone rurale: http://www.fantastikindia.fr/site/Paruthi-Veeran
Tu as aussi Bandit Queen, dont j'ai parlé à plusieurs reprises. Tu as par exemple Beta, qui met en scène la relation difficile entre une jeune marié et sa belle-mère, réalité à la base des nombreux drames.
Même dans les grands succès, tu peux retrouver une allusion au problème, mais elle sera présentée de façon symbolique. Par exemple, dans Sholay, la séquence chantée "Haan jab tak hain Jaan" n'est ni plus ni moins que la représentation métaphorique d'un viol collectif : http://www.youtube.com/watch?v=_0wwL3AelO0

Voilà, ensuite, tu ne peux pas demander d'avoir des représentations directes "d'infanticides", car qui paierait pour aller voir un film qui dirait "vous êtes des criminels, vous tuez vos propres enfants"?
Par ailleurs, n'oublie pas que le Censor Board veille au grain attribuant les "U", "U/A" et "A". Le "A" (pour adultes seulement) est vraiment un stigmate pour un film et complique beaucoup sa distribution et son exploitation. En d'autres termes, si le Censor Board veut saborder un film, il n'a qu'à lui coller un "A", c'est le cas par exemple de Amu, qui traite des émeutes inter-religieuses de Delhi, plus particulièrement du massacre des Sikhs, juste après l'assassinat d'Indira Gandhi, http://www.fantastikindia.fr/site/Amu

Cela dit, je pense que ta question "innocente" est plutôt complexe et nécessite recherche et réflexion approfondie. Sur un forum, toute approche ne peut être que superficielle.


Soit dit en passant, dans le film Autant en emporte le vent, la mention directe au KKK a soigneusement été évitée, ce qui n'est pas le cas dans le livre.

jaamunaa

Citation de: Samarkand le 15 Mars 2012 à 12:59:38
Tu connais la particuliarité du cine indien et l'une des recettes de son succés :  Film familial ponctué de "longs clips bourrés de bons sentiments, des filles heureuses, pimpantes et  avec une happy end" bon, je carricature à l'extrême!
Comment veux-tu conjuguer ça avec la réalité misérable, cruelle que connaissent les femmes de ce pays?
Flop assuré!


C'est tout à fait juste car le cinema hindi est comme tous les autres j'imagine (?) une entreprise essentiellement commerciale, l'objectif premier de la majorité des producteurs étant assez évidemment d'engranger les plus gros profits.

Mais fort heureusement il en reste qui ont le courage de produire des films qui ne feront aucun succès dans les salles en Inde mais qui pour les meilleurs seront récompensés dans des festivals dans le monde.
Et je salue le courage de Manish Jha d'avoir choisi ce thème oh combien difficile (dans Matrubhoomi) pour un premier film réalisé à 25 ans.
Réaliser un tel film montre qu'il y a des gens qui ont envie de faire bouger les choses et ne se sont pas contentés de paroles, ils ont fait ce film qui a sans doute éveillé quelques  consciences chez ceux qui l'ont vu et qui auront envie à leur tour que ça change. Je crois assez à ça.

Et je pense à cette pensée attribuée à Lao-Tseu : "Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres" ...


jaamunaa

#169
J'ajoute cet aparté à propos de Bandit Queen cité par Didi.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce film, très fidèle selon moi à l'itinéraire de Phoolan Devi jusqu'à sa reddition.
Phoolan Devi est pour moi une femme absolument remarquable, et je n'ai pas été étonnée d'apprendre un jour qu'elle a finie par être assassinée.

Outre le film je recommande son autobiographie aux éditions Fixot dont la lecture m'a bouleversée. Il y a un autre livre sur elle de Mala Sen que je n'ai pas lu, Mala Sen qui a aussi écrit « Death by Fire: Sati Dowry Death and Infanticide in Modern India » ... ce qui nous ramène à notre sujet précédent.
Pour ce qui est de la pratique du Sati il semblerait qu'elle ait presque complètement disparue, sauf qu'avec la conspiration du silence on ne sait jamais tout vraiment ...


mel

#170
Citation de: Didi le 15 Mars 2012 à 15:12:59
Le mariage arrangé est la norme, donc nombreux sont les films qui le légitiment, pas seulement celui que tu cites, mais aussi Vivah, et plein d'autres. En revanche, c'est le mariage "d'amour" on va dire qui est le plus exploitable du point de vue dramatique parce qu'on va mettre en scène les oppositions, le combat des amoureux, etc.
Pardon, Namaste-London, n'est pas sur un mariage arrangé, c'est sur un mariage forcé, exactement comme on en voit de temps en temps dans notre coin du monde: le père ramène sa fille au pays (qu'elle ne connait pas) pour la marier au premier venu. Et puis elle a intérêt à être d'accord, d'ailleurs, il ne veut entendre qu'un "oui", et dans les 24h... Que ce père s'en sorte la tête haute à la fin du film est écoeurant !

Citation
Même dans les grands succès, tu peux retrouver une allusion au problème, mais elle sera présentée de façon symbolique. Par exemple, dans Sholay, la séquence chantée "Haan jab tak hain Jaan" n'est ni plus ni moins que la représentation métaphorique d'un viol collectif : http://www.youtube.com/watch?v=_0wwL3AelO0
Ca ne m'était jamais, au grand jamais, venu à l'idée. Si cette chanson évoque un viol, alors ce qui est fait à Thakur c'est quoi ? Ca ne m'était jamais venu à l'idée non plus, innocent que je suis  :) Sérieusement, elle est où la métaphore ?

Citation de: Didi le 15 Mars 2012 à 15:12:59
Cela dit, je pense que ta question "innocente" est plutôt complexe et nécessite recherche et réflexion approfondie. Sur un forum, toute approche ne peut être que superficielle.
C'est vrai, et je te remercie de ta réponse.

Citation de: Didi le 15 Mars 2012 à 15:12:59
Soit dit en passant, dans le film Autant en emporte le vent, la mention directe au KKK a soigneusement été évitée, ce qui n'est pas le cas dans le livre.
Les "polical meetings" sont super transparents, même pour moi  :) Par contre, je n'ai pas souvenir que le mot Klan apparaisse dans le livre, mais la dernière fois que je l'ai lu c'était il y a fort fort longtemps...

Didi

#171
J'étais tentée de ne pas te répondre, car finalement nos discussions ne mènent à rien si tu ne peux ou ne veux, à un moment donné, te départir de ta vision ethnocentriste pour appréhender des schémas culturels différents, mais je n'aime pas laisser "pourrir" les sujets et je finis par te répondre, peut-être une dernière fois.

Là où tu vois "mariage forcé", j'y vois conflit culturel entre deux conceptions du mariage différentes correspondant à deux visions culturelles de l'institution du mariage caractéristiques deux types de sociétés. Une conception traditionnelle du mariage typique d'une société patriarcale  où c'est le chef de famille qui décide d'une alliance avec une autre famille et où les enfants sont la monnaie d'échange et une conception moderne du mariage conçue comme une alliance entre un homme et une femme basée sur la relation affective, propre à nos sociétés modernes occidentales où les enfants ont acquis une certaine émancipation de décision vis à vis de leurs parents. Tant que ces schémas fonctionnent en vase clos, pas de problème. Quant il y a acculturation et que les deux schémas entrent en conflit, cela devient problématique, cause des drames humains, etc.
Il y a deux dimensions dans l'appréhension : l'une correspondant à l'analyse, qui tente de rester objective sur la pratique, l'autre est plus subjective puisqu'elle fait entrer en ligne de compte un jugement moral, déterminé par différents critères, pour appréhender la dite pratique.
Ensuite, si tu ne peux voir une dimension symbolique dans la façon de représenter le viol pour ne pas le montrer explicitement pour différentes raisons (censure, ne pas heurter la morale, garder différents niveaux de lecture pour atteindre différents publics, etc.) dans la séquence de Sholay que je t'ai citée, cela n'engage que toi. Du coup, ce n'est pas la peine que je continue si c'est pour polémiquer. Quant tu auras vu plus de films indiens (pas simplement hindis) et que tu seras plus habitué au langage symbolique et en particulier à la représentation métaphorique de la relation érotique qui change en fonction des époques et varie aussi parfois selon les régions, on pourra peut-être en reparler.
Ensuite, si tu veux, quoi qu'il en soit avoir raison, je n'ai vraiment pas envie de polémiquer.
Finalement, ayant relu, pour la énième fois Autant en emporte le vent, revu le film, le making of de 2h, et vu la pièce de théâtre Hollywood, basée sur les problèmes d'écriture de l'adaptation du roman (c'est d'ailleurs cela qui m'a donné envie de relire, revoir, etc.), je peux te certifier que le Ku Kux Klan est bien mentionné, avec toutes ses lettres et sans détours, à plusieurs reprises dans le livre. Cela a d'ailleurs posé problème à V. Flemming, ainsi qu'aux différents scénaristes qui se sont succédé pour l'adaptation. La scène où Scarlett gifle Prissy a aussi posé problème et bien d'autres choses encore...

mel

#172
Citation de: Didi le 15 Mars 2012 à 23:52:48
J'étais tentée de ne pas te répondre, car finalement nos discussions ne mènent à rien si tu ne peux ou ne veux, à un moment donné, te départir de ta vision ethnocentriste pour appréhender des schémas culturels différents [...]
Tu as raison. Je ne peux vraisemblablement pas, mais il est certain que je ne veux pas, au moins sur ce sujet. Quant à savoir où est le centre, c'est encore autre chose... Mon voyage de Jazz à moi, est dans 2 mois.

Je suis triste que mes messages aient pu sembler prétentieux, à vocation polémique, ou simplement provocateurs, ce n'était en aucune façon mon intention.

Merci encore pour tes réponses circonstanciées, Didi, j'y ai beaucoup appris.

A bientôt peut-être.



Marine

En tout cas, moi je suis ravie de tes interventions Didi, elles me permettent de prendre en compte d'autres informations et d'autres façons de voir auxquelles je ne pense pas forcément  :jap:

Donc, merci ^^

Samarkand

Namasté,

Dimanche 21 avril, sur France Inter, l'émission "L'Afrique enchantée" est consacrée aux fan de bollywood!
donc bonne émission  :dance:
http://www.franceinter.fr/emission-lafrique-enchantee.
Yé ?

Sam

Citation de: Samarkand le 19 Avril 2013 à 21:10:44
Namasté,

Dimanche 21 avril, sur France Inter, l'émission "L'Afrique enchantée" est consacrée aux fan de bollywood!
donc bonne émission  :dance:
http://www.franceinter.fr/emission-lafrique-enchantee.

Ça me fait penser au fait que c'est une amie d'origine malienne qui m'a fait découvrir les films de Bollywood et elle m'a dit que ça cartonnait là-bas  :D.

Raj Aryan

J'ai adoré cette émission de "L'Afrique enchantée". J'ai été heureux de voir des fans africains qui ont appris le hindi grâce aux films.


J'ai été interrogé vendredi dernier à Bollywood Univers par une journaliste du Mouv' (92.1 à Paris). Je suis passé ce matin sur une émission du Mouv'. L'émission est (comme toujours) pleine de clichés sur les films hindi mais je suis quand même heureux d'être passé à la radio :
- http://www.lemouv.fr/diffusion-syrie-le-risque-de-propagation
(Les 100 ans de Bollywood)

- http://www.lemouv.fr/diffusion-depart-pour-bollywood-ca-fait-100-ans-que-ca-dure
(à partir de 46 min pour moi)

Didi

Bombay fait son cinéma, émission très intéressante à regarder (et surtout ne dit pas de conneries) : http://pluzz.francetv.fr/videos/bombay_fait_son_cinema_,92119663.html

Marine