Impression sur votre dernière toile

[Laurent]

Abyss est un chef-d'oeuvre technique, voire un suspense plus tendu que la plupart des Hitchcock (je préfère d'ailleurs Cameron à Hitchcock, pour l'action et même la mise en scène/technique moderne), Ed Harris est un grand comédien sous-estimé mais je préfère l'action (à la Aliens ou les Terminator, dont j'aime bien le scénario même si les 2 et 3 reprennent celui du 1) et je trouve la fin (version longue) moralisatrice, bien que ça soit nettement moins lénifiant que du Spielberg.

Quant aux histoires de remakes hollywoodiens (généralement très différents des plagiats bollywoodiens scène par scène), je ne connais que l'assez ennuyeux original de Thomas Crown, mais j'adore Insomnia de Nolan, un réalisateur génial et très fin (OK, la première partie du Begins est un peu agaçante à vouloir tout expliquer rationnellement en nous faisant attendre Batman pendant une heure ; mais il réussit à bien diriger le bon mais antipathique Bale !), psychologisant juste comme il faut, je suis certain que l'original sans Pacino est moins bien !

[Jordan White]

Abyss est un chef-d'oeuvre technique, voire un suspense plus tendu que la plupart des Hitchcock (je préfère d'ailleurs Cameron à Hitchcock, pour l'action et même la mise en scène/technique moderne), Ed Harris est un grand comédien sous-estimé mais je préfère l'action (à la Aliens ou les Terminator, dont j'aime bien le scénario même si les 2 et 3 reprennent celui du 1) et je trouve la fin (version longue) moralisatrice, bien que ça soit nettement moins lénifiant que du Spielberg.

Quant aux histoires de remakes hollywoodiens (généralement très différents des plagiats bollywoodiens scène par scène), je ne connais que l'assez ennuyeux original de Thomas Crown, mais j'adore Insomnia de Nolan, un réalisateur génial et très fin (OK, la première partie du Begins est un peu agaçante à vouloir tout expliquer rationnellement en nous faisant attendre Batman pendant une heure ; mais il réussit à bien diriger le bon mais antipathique Bale !), psychologisant juste comme il faut, je suis certain que l'original sans Pacino est moins bien !

Je trouve cela assez osé de comparer Cameron et Hitchcock. Comme comparer Truffaut ou Antonioni (adepte de longs plans-séquences contemplatifs, comme celui mémorable de la scène finale de Profession Reporter) à Sommers, même si ça paraît encore plus diamétralement opposé. On peut ne pas aimer le Hitchcock de Sueurs froides (j'ai des amis qui lui préfèrent largement l'Inconnu du Nord-Express par exemple, remake d'ailleurs en hindi avec Strangers feat Kay Kay Menon), mais Hitchcock reste un maître du suspens, là où Cameron reste avant tout un technicien hors-pair mais un conteur d'histoire à mes yeux moins pertinent. Ses films sont mémorables pour leur technique, leur savoir-faire, la mise en scène de l'action (avec parfois de l'humour, bien qu'un peu gras dans True Lies), mais on atteint rarement la puissance thématique de Le crime était presque parfait, Les Oiseaux, Psychose ou encore Marnie (un des meilleurs rôles du très James Bondien Sean Connery) qui est un film étonnant dans sa filmographie reposant beaucoup sur le malaise et les non dits. Et Frenzy est un film sacrément barré, qui a été très mal reçu à sa sortie en 1972. En revanche je n'aime pas Fenêtre sur Cour (je préfère la relecture 80s de Brian de Palma avec Body Double), ni L'ombre d'un doute. Dans le genre du film d'action avec un soupçon de SF et de brutalité, Doomsday me paraît être un condensé très efficace, voire brillant.

Concernant Spielberg, j'aime bon nombre de ses films, même celui qui est considéré comme irrécupérable (Hook) et ai de l'affection pour Amistad même s'il est trop long et poussif dans sa deuxième heure. En fait, j'ai mis du temps à vraiment apprécier certains de ses films et en adore toujours autant d'autres réputés moins faciles (Sugarland Express par exemple). Duel est génial. Et c'est fait avec trois fois rien. Je n'aime pas Le Terminal, j'ai l'impression qu'il se met en mode récréation mais le film repose sur un jeu d'acteurs pesant. La Guerre des Mondes m'a ébloui dans le bon sens du terme (et j'ai eu cette même impression d'urgence et de chaos avec l'excellent Cloverfield largement supérieur à mes yeux à l'hystérique et lourdaud Rec, mais je me méfie des bêtes de festival, même si je n'ai pas encore vu Morse).
Tu as adoré Memento de Nolan  j'imagine,

[धनेश]

Et ces superhéros-là, vous en pensez quoi les gars ?



Avec le superhéro invisible... seulement quand on ne le regarde pas

[Jordan White]

Et ces superhéros-là, vous en pensez quoi les gars ?



Avec le superhéro invisible... seulement quand on ne le regarde pas

Excellent souvenir.
Ben Stiller me faisait plus rire dans Mystery Men et Zoolander (son chef-d'oeuvre du point de vue du jeu d'acteur) que dans Tonnerres sous les tropiques qui m'a terriblement déçu.

[Laurent]

Mystery Men a l'air sympa en effet.

Contrairement à toi, Jordan, je ne trouve pas qu'Hitchcock et Cameron soient si éloignés que ça : je ne parle pas du Hitchcock psychologisant qui m'ennuie (Sueurs Froides, Fenêtre sur Cour), à la puissance thématique (j'adore La Corde, le fond et la forme en adéquation, avec une fin hélas moralisatrice... de toute façon je préfère Clouzot à Hitchcock, y'a moins de films mineurs/qui ont vieilli) mais de l'auteur de thrillers plus populaires (Les Oiseaux, Frenzy dont l'humour casse un peu le rythme psychopathe), voire commerciaux (La Mort Aux Trousses, pionnier pour moi aussi du blockbuster d'action, avec des scènes comiques là aussi qui cassent le rythme, et surjouées). Hitchcock a certes l'un des records de chefs-d'oeuvre du cinéma anglo-saxon avec Kubrick, mais Cameron m'éclate mieux en matière de divertissement d'action haut de gamme, c'est tout simplement plus de ma génération.

Spielberg est très bon, mais un poil surestimé (je trouve que c'est un mauvais directeur d'acteurs, surtout les seconds rôles, des Indiana Jones ou autres, mais il sait prendre des stars de talent... comme Amrish !).

Memento c'est une mécanique très distrayante en effet, mais je préfère Insomnia et Dark Knight.

[Laurent]

Je viens de voir le dernier film d'Elia Suleiman, sept ans après le marquant Intervention Divine. Après un prologue assez pesant et mortellement sérieux, on a heureusement droit à la succession de saynètes tragicomiques typiques de Suleiman, qui a encore une fois un rôle complètement muet et impassible à la Buster Keaton. Un vrai univers, un vrai auteur, mais quand même très lent, j'aurais préféré un vrai scénario, ça aurait fait une oeuvre vraiment majeure... et puis je préfère son précédent film parce qu'il y apparaissait tout le long, et pas seulement dans la deuxième partie. Une belle curiosité en tout cas, un film historique sec et fort à sa manière très particulière. Je mettrais 6,5/10.

[soniya]

Je viens de voir le dernier film d'Elia Suleiman, sept ans après le marquant Intervention Divine. Après un prologue assez pesant et mortellement sérieux, on a heureusement droit à la succession de saynètes tragicomiques typiques de Suleiman, qui a encore une fois un rôle complètement muet et impassible à la Buster Keaton. Un vrai univers, un vrai auteur, mais quand même très lent, j'aurais préféré un vrai scénario, ça aurait fait une oeuvre vraiment majeure... et puis je préfère son précédent film parce qu'il y apparaissait tout le long, et pas seulement dans la deuxième partie. Une belle curiosité en tout cas, un film historique sec et fort à sa manière très particulière. Je mettrais 6,5/10.

J'ai beaucoup aimé Le Temps qu'il reste (comme les films précédents d'Elia S.): c'est lent, poétique, politique, drôle, et tendre avec chaque personnage. (Après c'est vrai qu'une partie des spectateurs de ma séance est partie avant la fin  )

[Laurent]

Moi j'étais seul dans la salle du Temps qu'il Reste... avec aussi une petite bande de gens qui étaient venus en croyant que c'était le film quasiment homonyme d'Ozon (Le Temps Qui Reste)...

Et aujourd'hui j'ai enfin vu Inglourious Basterds, bel hommage croisé aux films de genre des années 60-70 (Leone, Peckinpah, films de commando...). Le climax est prévisible et pas formidable par rapport aux enjeux du film, ce n'est pas du tout le film d'action que la bande-annonce essaie de nous vendre, mais j'ai beaucoup aimé les longues scènes de dialogues (qui même dans la VF sont souvent sous-titrées puisqu'en allemand, et y'a de vraies vedettes allemandes de talent comme Daniel Brühl et Til Schweiger) pleines de tension avec des personnages infiltrés et des personnages "démasqueurs" qui se font des embrouilles, et des trouvailles intéressantes de langues et d'accents qui ont une vraie importance. Quelques leitmotive tarantinesques (pieds de femme), quelques brèves explosions de violence à la fin des dialogues, quelques défauts oubliables (facilités, gags trash, et on voit pas assez les Basterds, j'espère un director's cut qui rallonge leur présentation sanglante), mais le casting est très bon dans l'ensemble (Brad Pitt imite bien Bruce Willis mais j'aurais préféré l'"original"), surtout le nazi autrichien théâtral polyglotte incarné par Christoph Waltz, le scénario a assez de rebondissements sympa pour divertir tout du long. Un film très distrayant, une sorte de luxueuse série B au sourire en coin, avec une ampleur et une relative ambition que je n'espérais même plus de la part de l'immature Tarantino, dont les films prétentieux et ultra-référencés me fatigaient de plus en plus après Jackie Brown. Un film rarement très fin (on est loin du Limier de Mankiewicz et ses virtuoses scènes de dialogues théâtrales entre deux mystificateurs qui tentent de se piéger), mais pas trop roublard, disons très malin, en tout cas assez pour être l'un de mes préférés internationaux de 2009.

[Didi]

Moi aussi j'ai beaucoup apprécié Inglorious Basterds, surtout pour le casting  J'ai eu un plaisir fou à revoir Daniel Brühl que j'apprécie au plus haut point et que je n'avais pas vu depuis Salvador. Trop rare cet excellent acteur alors qu'il peut jouer en 4 langue (bon, le catalan on s'en tape un peu à vrai dire). J'ai adoré Chistoph Waltz et son personnage de colonel nazi polyglotte. Bref, un film jubilatoire, mais mon cher et tendre s'est fait avoir, comme tu le dis Laurent, par la BA qui promettait un film d'action guerrier alors qu'il n'y a pas que ça.

[Didi]

Un prophète
Une histoire originale et intéressante, qui laisse néanmoins perplexe, dans un milieu où les caméras se posent rarement. Un jeune premier à la gueule cassée qui crève l'écran. C'est bien filmé et c'est aussi bon que De battre mon cœur s'est arrêté. Les bonnes critiques ne sont pas usurpées.

[lalita]

Un prophète :

Une histoire originale pour le cinéma français, mais très banale dans le contexte international ou pour les férus de Séries télé (et vas-y que je te sorte du OZ à tout va chez les journaleux)... pourtant j'ai quand même aimé le film. Par contre pour ceux qui ont peur que ça donne des idées à des jeunes de banlieue "ambitieux", franchement c'est prendre les jeunes pour des cons. Il n'y a aucune glorification d'aucune sorte , c'est peut-être ça le danger d'ailleurs... ça fait plus "vrai" et donc faisable. Ceux qui critiquent aujourd'hui le film sont ceux qui hier ont "adoré" La Cité De Dieu, dont le méchant Ze Pequeno a détrôné Tony Montana dans les cités pendant deux-trois ans. Bref, ça reste du cinéma et le film est à voir... 

[soniya]

Je me demandais si vous n'aviez pas trouvé ce film (Le prophete) trop violent (bagarres, meurtres, viols et cie?): j'aime beaucoup le réalisateur mais comme j'ai tendance à me ménager un peu... (vous me direz j'chui allée vois Inglorious Basterds mais j'ai fermé les yeux  )

[Didi]

Ouh lala, si tu fermes les yeux chez Tarantino où la violence outrancière fait très cinéma et nous indique qu'il faut vraiment la prendre au second degré, c'est pas gagné pour Un prophète, filmé avec beaucoup de réalisme. Bon, le milieu carcéral, ce ne sont pas des danseuses, donc il y a de la violence, notamment une scène qui m'a mise mal à l'aise, mais c'est moins violent que Les promesses de l'ombre (pour rester dans le même type de représentation de la violence).

[Laurent]

Ah, Les Promesses de L'Ombre, l'un des films occidentaux contemporains les plus violents rien que pour une scène... tout comme The Wrestler, encore "meilleur" dans le style (mais pas dans l'ensemble).

J'ai de plus en plus hâte de voir Un Prophète quand il sortira dans mon bourg (en octobre au plus tôt, j'en ai bien peur), Jacques Audiard est l'un des cinéastes français actuels les plus intéressants, ce serait marrant qu'il devienne aussi "important" que son père avec les années/décennies, on l'appelle déjà par son nom de famille uniquement comme lui.

[soniya]

Ouh lala, si tu fermes les yeux chez Tarantino où la violence outrancière fait très cinéma et nous indique qu'il faut vraiment la prendre au second degré, c'est pas gagné pour Un prophète, filmé avec beaucoup de réalisme. Bon, le milieu carcéral, ce ne sont pas des danseuses, donc il y a de la violence, notamment une scène qui m'a mise mal à l'aise, mais c'est moins violent que Les promesses de l'ombre (pour rester dans le même type de représentation de la violence).

Oui enfin dans le dernier Tarantino même si c'est du second degré c'est quand même sanglant (sclaps et explosage de crâne). J'avais vu History of violence et j'avais pas trouvé ça choquant, mais j'avais zappé Les promesses pour la même raison que j'ai peur d'aller voir Le prophète: une violence réaliste où on voit les personnages mourir et souffir  comme si c'était pour de vrai.
Bon, ben je crois que ça sera le premier Audiard que je vais manquer... merci pour ton avis en tout cas  !

Sinon un petit film qui vaut vraiment le coup d'oeil pour l'originalité de l'histoire et l'intérêt du sujet: A propos d'Elly.

edit: The Wrestler ça m'avait pas trop choqué non plus... peut-être que je manquais d'empathie pour le personnage