Les vieux films (bolly)

[Laurent]

Aha, j'ai pas vu ce Verneuil (le Spielberg français avec une carrière encore meilleure pour moi), je croyais que c'était un film de guerre. Ben le western-spaghetti pur, à part Leone et Le Grand Silence, y'a surtout du mineur et de la série Z (les 2 premiers Trinita avec Bud et Terence sont bons).

[Didi]

Non, c'est bien un western, le seul que Verneuil ait jamais tourné avec Anthony Quinn et Charles Bronson, musique de Morriconne, tourné en Espagne (Almeria) et au Mexique (c'est une production franco-italo-mexicaine, je crois d'ailleurs) avec un scénario similaire au 7 mercenaires et du coup, semblable à Sholay (un bandit repenti ayant usurpé l'identité d'un prêtre organise la résistance contre une bande de bandits racketteurs). Il y a d'ailleurs une scène où A. Quinn est enchaîné de la même façon que Dharmendra dans Sholay (si mes souvenirs sont bons).

[Laurent]

Je doute que ça vaille Sholay, mais ça a l'air bon ce film, je suis fan de tous ses participants ! Verneuil est pour moi le maître français des belmonderies d'action, et surtout du film d'espionnage avec une trilogie parano aux titres mystérieux : Le Serpent-I Comme Icare-Mille Milliards De Dollars.

[Didi]

Je doute que ça vaille Sholay

Disons que la question ne se pose pas en ces termes. La bataille de San Sebastian est un bon western spaghetti avec une french touch, donc ça vaut le détour, car sur une trame similaire tu vas avoir un traitement différent même si tu retrouves des topiques communs au genre. Ça fait un sacré paquet d'années que je n'ai pas vu la bataille et pourtant j'ai encore en tête des images du film avec un charismatique Anthony Quinn.
L'important est de se faire plaisir 

Kendra, si je te dis que Verneuil était arménien/marseillais, tu regarderais un western  ?

[Laurent]

Eh ouais, c'est mon artiste franco-arménien préféré, Achod Malakian. Quant à la comparaison "neutre" au très bon Sholay : Verneuil a fait des tonnes de bons films, mais sans plus (les Gabin, Belmondo, Fernandel), à part la trilogie évoquée, ce qui est déjà vraiment bien, mais faut quand même que je voie tous ses films (ai pas vu les Mayrig autobiographiques)!

[kendra]

Kendra, si je te dis que Verneuil était arménien/marseillais, tu regarderais un western  ?

T'inquiète pas que je connais le Achot . (c'est marrant que tu connaisses son vrai nom Laurent). Bizarrement, mon père a déjà tenté le même argument  mais le seul film de Verneuil que je trouve magnifique c'est Mayrig  .

[Laurent]

Ben je connais le vrai nom de toutes mes idoles (la liste serait longue avec tous les rockers décadents), pour rester en Inde : les frères Ajay & Vijay Singh Deol 

[Didi]

Entre DVD et projections, je me suis fait un petit festival à moi toute seule cette semaine 

J'ai commencé par Silsila, une histoire d'adultère très intéressante, même si le  point de vue est différent de KANK (on ne peut s'empêcher de les comparer, les films racontant l'adultère n'étant pas légions dans le cinéma indien, toutes régions confondues), on voit qu'à plus de 25 ans d'intervalle, les choses ont très peu évolué. Une prestation magistrale de Jaya (le personnage pour qui j'ai ressenti le plus d'empathie) et Amitabh qui nous campe un sacré beau salaud! Il n'est pas odieux par son amertume et son aigreur, comme le personnage de Dev dans KANK, mais sous ses intentions chevaleresques en sauvant la fiancée de son ami de l'opprobre, il lui fait endurer un sacré calvaire, le clou étant cette chorégraphie de holi où Amit et sa belle se moquent bien de leurs conjoints respectifs en chantant "le mari désire et c'est l'amant qui obtient".

J'ai ensuite enchaîné avec Pyaasa, de Guru Dutt qui campe un superbe poète maudit qui apprend à ses dépends que la gloire est le soleil des morts. C'est toujours un plaisir de voir Waheeda Rehman, surtout quand la caméra amoureuse de Guru Dutt la met si bien en valeur à tous points de vue.

J'ai fini avec Sagdadi (The deliverance) de Satyajit Ray, un film bref, intense qui prend aux tripes en dénonçant la condition d'intouchable et le système des castes. Un superbe drame social assorti d'une interprétation époustouflante de Om Puri, j'en pleure encore...

[Laurent]

Tu soulignes bien le côté morbide de Pyaasa et de ses chansons sombres. Un film original pour Bollywood, et très désenchanté, notamment la fin pessimiste des deux amants, qui suggère quelque chose de poignant, si je me souviens bien... Quant à Ray, faut décidément que je m'y mette, maintenant que je connais certains des acteurs qu'il a dirigés !

De mon côté, j'ai vu Koshish de Gulzar (1972), la rencontre puis 20 ans de la vie d'un couple de sourds-muets (qui ont un enfant parlant) incarnés par Sanjeev Kumar et Jaya (qui jouaient père et fille dans Sholay !): l'un des plus beaux films hindis seventees, digne des meilleurs Hrishikesh Mukherjee, bien qu'avec moins d'humour. Le film a sûrement inspiré Khamoshi de Bhansali qui est moins maîtrisé et plus romanço-commercial (Koshish n'a qu'une seule chanson), mais supérieur pour son couple de s-muets (Seema Biswas et le nerveux et excellent Nana Patekar).

[Didi]

Face à la médiocrité de la production hindie actuelle, rien ne vaut les classiques...

Mother India
Une très bonne première partie, au langage métaphorique, au ton épique, à l'esthétique qui rappelle les films soviétiques. Une prestation excellente de Nargis, plus belle que jamais, magnifiée par la caméra de Mebhoob Khan. La deuxième partie, en comparaison, plus centrée sur les fils de Radha, semble bien anecdotique à côté. Quant aux chants aux consonnance patriotiques, surtout en première partie, ils bénéficiaient de bons sous-titres (j'avais enregistré le film sur Ciné-culte de CanalSat), ce qui m'a permis de les apprécier pleinement.
Quand on voit ce rôle de femme forte, tout en restant traditionnelle, on ne peut que déplorer l'indigence actuelle, à quelques exceptions près, concernant les rôles féminins, c'est dommage.

Shree 420
Un film magnifique à tous points de vue : l'histoire, l'esthétique du noir et blanc, les chansons et la magie du couple Raj Kapoor / Nargis. J'ai beaucoup aimé l'admiration de Raj Kapoor pour Charlie Chaplin qui apparaît dans son personnage et dans bien des plans (en particulier à la fin). Sans aucune hésitation, notre coup de cœur à Señorita et à moi.

[Laurent]

Mother India est un bon film en effet, avec des moments forts (Nargis qui creuse la terre, je crois, pour trouver des racines pour se nourrir), j'ai aussi bien ri avec le personnage du fils (Sunil Dutt) qui a un humour nerveux, et puis j'aime bien la fin extrême et les grands sentiments nobles (honneur, patriotisme).

[Didi]

Ça ne m'étonne pas que tu apprécies le personnage joué par Sunil Dutt (et l'acteur aussi)  , ce n'est pas pour rien qu'il est le Papa de ton acteur indien favori 
Pour ma part, je ne l'ai aimé que moyennement (le personnage de Birju), il m'a même agacée par moment 
Quant à Nargis, un monument cette actrice. Dans la scène où elle creuse la terre de ses mains, elle me rappelle Vivien Leigh dans Autant en emportant le vent, mais avec une "indian touch", le tout dans une mise en scène digne d'une fresque soviétique. Bref, elle transcende l'écran. Quelle trempe!

[Laurent]

Je vois que tu connais mes goûts hindis J'aime aussi en effet le côté film soviétique (j'aime bien les films de propagande rigolos comme Alexandre Nevski d'Eisenstein), chansons dans les champs... Certains films hindis de Raj Kapoor avaient été je crois co-produits par l'URSS, Awaara avait même été présenté par Raj et Nargis en Russie en 1951 (Staline était peut-être amateur de Bollywood !?!), et je n'ai toujours pas eu l'occasion de voir Coolie de Manmohan Desai, dans lequel le big B affronte des ennemis armé d'une faucille et d'un marteau (repris par "Red Is Dead" dans La Cité De La Peur... ?).

[Vidhan]

Je vois que tu connais mes goûts hindis J'aime aussi en effet le côté film soviétique (j'aime bien les films de propagande rigolos comme Alexandre Nevski d'Eisenstein), chansons dans les champs... Certains films hindis de Raj Kapoor avaient été je crois co-produits par l'URSS, Awaara avait même été présenté par Raj et Nargis en Russie en 1951 (Staline était peut-être amateur de Bollywood !?!), et je n'ai toujours pas eu l'occasion de voir Coolie de Manmohan Desai, dans lequel le big B affronte des ennemis armé d'une faucille et d'un marteau (repris par "Red Is Dead" dans La Cité De La Peur... ?).

COOLIE est un véritable film politique bourré d'action. BIG B y fait une entrée en scène avec trop de style avec son pote le faucon et armé d'un revolver. Sa démarche sur le wagon d'un train est digne de celle de Yul BRUNNER. De plus ce film a marqué les esprits car on y voit la fameuse scène de bagarre où BIG B fut victime d'un accident de tournage. Il faut savoir que suite à cet accident , la fin du film a été changée suite à la pression des fans de l'acteur. Mais bon, je n'en dirai pas plus.

[Didi]

Coolie de Manmohan Desai, dans lequel le big B affronte des ennemis armé d'une faucille et d'un marteau (repris par "Red Is Dead" dans La Cité De La Peur... ?).

Dans Mother India aussi, il y a, dans une séquence chantée dans les champs, la faucille et le marteau, c'est d'ailleurs l'emblème de la maison de production de Mebhoob Khan.